L’écosystème français a passé un cap en 2018 en enregistrant un montant record pour les levées de fonds. Un afflux de liquidités, portés par de nouveaux investisseurs, qui pourrait profiter à la sélection 2019 de Challenges. Agoranov est très fier de compter 18 de ses startups dans ce classement : toutes nos félicitations à Altaroad, Actronika, Seamless Waves, Orosound, Styckr, Ganymed Robotics, myBrain Technologies, Continuum+, Healsy, Tilkal, Wingly, Pipplet, Hyperlex, Indexima, Lalilo, Lilia.ai, United-VR et Veesion !
Le capteur s’installe en trente minutes sur la chaussée. Il mesure le poids et l’empreinte des pneus, détecte les fissures et nids-de-poule, assure le suivi des flux… Bref il rend la route « intelligente », avec une plateforme permettant de tout suivre à distance. La startup a été créée en 2017 par trois trentenaires : Cécile Villette, Rihib Jerbi et Bérengère Lebental. Le business model repose sur la vente des données et sur du service. Plusieurs grands des travaux publics ont soucrit. Les concessionnaires et collectivités pourraient s’intéresser à Altaroad.
Contact : cecile.villette@altaroad.com
L’aventure Actronika commence il y a quatre ans dans les laboratoires de l’UPMC (Paris 6). Vincent Hayward y enseigne l’haptique (interfaces qui donnent des sensations par le toucher) et dépose 25 brevets. Avec Gilles Meyer et Rafal Pijewski, ils créent une technologie de vibrateur. « Par exemple, explique Gilles Meyer, si vous regardez un film sur votre smartphone et qu’il y a une explosion, vous la ressentirez dans votre main. Même chose avec un jeu vidéo. Nous développons aussi des interfaces homme-machine. L’utilisateur touche un écran, et il aura l’impression de toucher un bouton mécanique. Cette technologie peut être utilisée sur le tableau de bord des voitures. » Porsche est d’ailleurs l’un des premiers clients de la startup. Le chiffre d’affaires était de 600 000 euros en 2018.
Contact : gilles.meyer@actronika.com
« Depuis quinze ans, nous avons le rêve de fabriquer une puce universelle qui mêlerait tous les standards. Avec la 5G, cela devient une nécessité », explique Hassan Aboushady. Il s’est associé en 2016 à deux autres chercheurs de Sorbonne Universités, Michel Vasilevski et Alhassan Sayed. Les premiers clients sont des fabricants de systèmes de communication; notamment dans la défense, comme Thales. Seamless Waves cherche des commerciaux pour cibler les équipementiers télécoms.
Contact : hassan.aboushady@seamlesswaves.com
Diminuer l’anxiété et le stress en se protégeant de la gêne acoustique lorsque l’on travaille en open space, dans des bureaux ouverts. C’est toute l’utilité des écouteurs Tilde, inventés par Orosound, qui consistent en un casque sans fil à annulation de bruit sélective et directionnelle. Orosound a été créé en 2015 par Pierre Guiu et Eric Benhaim, deux anciens de Parrot. Il est également possible de les utiliser pour écouter de la musique ou pour téléphoner. Fruit de deux ans de recherche, le casque Tilde a dégagé 1 million d’euros de ventes en 2018, dont un tiers au Japon. Par ailleurs, La Poste, Safran ou SNCF en équipent certains de leurs collaborateurs.
Contact : pierre@orosound.com
Thomas Fayon et Charles-Antoine de Beaumont n’en sont pas à leur coup d’essai. Les deux comparses ont déjà créé ensemble une marque de fashiontech, The Faraday Project. Avec Styckr, le duo développe un mini boîtier électronique totalement autonome, qui fonctionne sans pile et qui envoie des données de localisation, de températures, de choc, d’usure… Plusieurs industriels majeurs sont sur le point de l’utiliser sur leurs produits sensibles (barils de pétrole ou de matières radioactives, bouteilles de gaz, vaccins…). « Nous louons notre boîtier, et ensuite nous vendons le service du traitement de la donnée », détaille Thomas Fayon.
Contact : thomas@styckr.io
Ingénieur aéronautique confrontée à la réalité des opérations orthopédiques, Sophie Cahen a été frappée par le décalage : tandis qu’on usine des pièce d’avion avec une précision de l’ordre du micron, la réparation d’un genou reste artisanale. Conseillée par Bruno Maisonnier, parrain de la robotique, la jeune femme développe un robot intégrant des logiciels de traitement d’image et de l’IA, qui sera « maniable, intuitif, petit et abordable ». Il permettra une grande précision dans le sciage des os, étape critique pour le succès de l’opération. Des business angels, dont Charles-Edouard Bouée (Roland Berger), ont apporté 750 000 euros. Le marquage CE est espéré fin 2020.
Apprendre ou rééduquer son cerveau comme on entraîne un muscle avec un casque, grâce à la diffusion d’une ambiance sonore relaxante et modulée selon votre niveau de stress. Le neurofeedback est une méthode déjà utilisée en clinique pour améliorer les symptômes de pathologies comme la dépression, l’épilepsie, les troubles alimentaires, les addictions. L’innovation de myBrain Technologies, cofondée en 2014 par Yohan Attal, docteur en imagerie cérébrale et traitement du signal, a été développée avec l’Institut du cerveau et de la moelle épinière. Elle a reçu une pluie de récompenses, dont le prix de l’innovation au CES de Las Vegas en 2018. Commercialisé depuis 2016, Melomind veut passer à la vitesse supérieure, notamment auprès de sa clientèle d’entreprises.
Contact : yohann@mybraintech.com
Beaucoup de nouvelles thérapies anticancéreuses se prennent à domicile. Delphine Riché et Guillaume Gaud, anciens cadres de labos pharmaceutiques, Florence Ambrosino, infirmière, Marielle Jaillet, ex-directrice financière, et Patrice Blanchardie, consultant en informatique, ont créé avec l’aide d’une association de malades, le protocole de soins Ako@dom. Le malade intègre ce parcours sur recommandation de son oncologue, suivi par une infirmière formée par Continuum+. La plateforme partage les informations avec le pharmacien, le généraliste et l’oncologue. « Nous nous appuyons sur le maillage de santé local », souligne Delphine Riché. Ipsen et Pfizer soutiennent l’initiative.
Contact : delphine.riche@continuumplus.net
Impossible de prédire l’évolution du taux de sucre d’un diabétique ? Healsy, créée par Stéphane Bidet et Nicolas Caleca, a relevé ce défi. Leur algorithme prévoit avec une très grande fiabilité la glycémie d’un diabétique de type 1, une première mondiale qui évite au patient hypo- ou hyperglycémies. Eric Renard (Université de Montpellier) et Marc Breton (Université de Virginie), sommités mondiales, font partie du conseil scientifique qui pilote une vingtaine de chercheurs. Healsy cherche des fonds pour son marquage CE et un essai clinique. Elle compte se rémunérer grâce aux contrats de licence avec les fabricants de matériels et les labos.
Contact : stephane@healsy.life
Intégrant des technologies de blockchain et big data, cette plateforme collecte et analyse les données du cycle de vie des produits en temps réel. La startup créée fin 2016 par Matthieu Hug, associé à Sébastien Gaïde et Joseph Azar, est au cœur du marché prometteur de la traçabilité et répond à l’attente des filières dites responsables, prisées par les consommateurs. Le groupe Casino et la coopérative Maïsadour font partie des gros clients. La technologie permet de « sécuriser des processus critiques tels que les rappels produits, et de créer un canal de conversation avec les consommateurs ».
Contact : mathieu.hug@tilkal.com
Wingly est une plateforme de coavionnage. Le potentiel est énorme en France, avec près de 40 000 pilotes et 500 aéroclubs. Fondée à Paris en 2015, elle propose pour le moment des survols de régions touristiques et des allers-retours dans la journée, avec des pilotes à l’expérience vérifiée par ses soins. Un Paris-Deauville-Paris coûte ainsi 115 euros par personne. La société d’Emeric de Waziers, Bertrand Job-Cornu et Lars Klein se rémunère grâce à une commission de 5 euros et 15% du prix du trajet. Déjà 16 000 personnes ont utilisé son service, permettant de dégager un chiffre d’affaires de 250 000 euros en 2018. La levée de fonds doit lui permettre de devenir un véritable acteur du transports de passagers.
Contact : emeric@wingly.io
Pipplet est un test 100% en ligne, qui révolutionne le marché de la certification linguistique, dominé par le Toeic. La startup a été créée en 2015 par Adrien Wartel, Matthieu Herman et Baptiste Derongs, trois ingénieurs qui, après quelques années passées à Londres, se sont rendu compte que les tests d’anglais requis par les employeurs mesuraient davantage des compétences académiques qu’un niveau opérationnel. Pipplet teste les candidats via des mises en situation, comme rédiger un mail pro ou accueillir un client. Les réponses sont envoyées à des professeurs et la certification de niveau (12 langues disponibles) intervient sous 24 heures. Pipplet a séduit une dizaine d’entreprises du CAC. Objectif : la conquête du monde.
Contact : baptiste@pipplet.com
« Dans une grande entreprise, il y a plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de contrats différents. C’est un flot permanent qu’il faut traiter avec des dates d’échéances précises. » Forts de ce constat, Alexandre Grux et Alexis Agahi décident en 2017 de lancer une IA capable d’extraire les données importantes des contrats. « La solution met en place des rappels pour respecter les échéances, poursuit Grux. Elle permet aussi de retrouver les contrats concernés par telle ou telle clause. » Les fonds serviront à développer l’équipe marketing mais aussi maintenir une avance technologique. L’étape suivante consistera à s’étendre dans les pays francophones, puis l’Europe. Hyperlex a réalisé 400 000 euros de chiffre d’affaires en 2018.
Contact : agrux@hyperlex.fr
Indexima est un moteur d’indexation qui fluidifie l’analyse et la visualisation des données. Explications d’Emmanuel Dubois, l’un des cofondateurs : « Quand on dispose d’un très grand volume de données, il arrive qu’il faille attendre trente minutes pour qu’une analyse s’exécute. Nous fournissons un outil qui permet de gagner du temps. » Avec Florent Voignier et Nicolas Korchia, ils trouvent une solution pour fluidifier l’accès aux données, avec comme premier client Mappy. D’autres groupes importants sont rapidement arrivés, comme Natixis, Enedis, EDF, Canal + ou encore le Crédit Agricole. Le chiffre d’affaires en 2019 s’est élevé à 300 000 euros alors que l’activité a commencé fin 2016.
Contact : contact@indexima.com
Et si l’intelligence artificielle permettait d’apprendre à lire ? C’est le pari de trois ingénieurs de Polytechnique. « Nous avons eu la chance de faire de bonnes études, constate Laurent Jolie. Nous nous sommes demandé ce qu’il fallait faire pour que tout le monde y arrive. » Observant que l’apprentissage de la lecture n’a guère évolué, en raison de méthodes ne permettant qu’à très peu d’élèves de s’exercer en classe en une heure, il met au point avec Amine Mezzour et Benjamin Abdi, un logiciel d’assistance pédagogique, testé en France, au Canada et aux Etats-Unis. La startup est lancée en 2016. Le modèle est fondé sur le freemium, gratuit au début mais payant pour utiliser toutes les possibilités. Le logiciel peut être payé par l’école, la mairie, voire l’Education nationale. Les fonds serviront à finaliser la solution et étoffer l’équipe de vente.
Contact : laurent@lalilo.com
Après avoir travaillé au Canada sur un projet d’infrastructure électrique, Millie Taing a l’idée de créer Lili, une assitance à la réalisation de grands travaux. « Il y a des centaines de corps de métier, des quantités astronomiques d’informations. Les projets sont trop complexes pour le cerveau humain. » Thalès, EDF, Total ou Vinci sont intéressés, et Milie Taing est incubée à Polytechnique, où elle met au point en 2016 son logiciel. Lili peut « retrouver n’importe quelle information, brasser les données et les conserver pour avoir un retour sur expérience pour les projets futurs ». Il s’agit maintenant de s’industrialiser, avec un chiffre d’affaires de 150 000 euros en 2018.
Contact : millie@lili.ai
United-Visual Reasearchers est né en 2017 à Mines Paris Tech. Cet outil pour la conception de l’apparence assistée par ordinateur, la CA20, permet aux industriels de choisir leurs matériaux. Apple a rendu visite à la petite startup française pour comprendre le gain de temps qu’elle permettrait. Thomas Muller et Philippe Porral se sont rencontrés à PSA où ils ont travaillé dans la simulation. « La France est leader dans la simulation et l’optique », observe Thomas Muller. Les fonds levés doivent parfaire la technologie pour en faire un véritable produit commercial.
Contact : thomas.muller@united-vr.com
Après HEC, Benoît Koenig et Thibault David rencontrent Damien Ménigaux à Polytechnique. L’un des trois a de la famille dans la grande distribution, et sait que les vols peuvent faire basculer la rentabilité d’un magasin. Leur logiciel connecté à une caméra envoie une alerte s’il détecte un vol : « Nous analysons les images en temps réel, et prévenons les agents de sécurité. » Les fonds serviront à renforcer la R&D, Veesion pourrait servir à analyser les achats en rayon, les gestes des joueurs dans les casinos ou ceux des citoyens dans les lieux publics pour prévenir les incivilités.
Contact : benoit.koenig@veesion.io
[ Sources : Challenges « 100 startups où investir », 28 mars 2019 ]